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Photo du rédacteurAndrea Iacovella

Les dérives de la limitation du temps de parole. Conseil Municipal du 11 février 2021

Dernière mise à jour : 19 août 2023

Résumé en un clin d'œil

Date

Conseil Municipal du 11/02/2021

Sujet

Intervention en Questions diverses suite à l'interview du Maire accordée à la presse sur la limitation du temps de parole

Intervenant

Andrea Iacovella

Type intervention

Ecrite, rédigée

Résumé bref de l'intervention

Le 1er février 2021 le Maire de Roanne accorde une interview à la presse, dans laquelle il revient sur la limitation du temps de parole, votée le 14 septembre 2020. Je décide de réagir lors de la séance publique, pour pointer les ambiguïtés qu'elle fait peser sur la représentation et les valeurs républicaines, au moment où l'électorat continue de bouder la fréquentation des urnes.

Cet article a été modifié à plusieurs reprises depuis sa parution


Introduction

La limitation du temps de parole, qui n'avait pas annoncée dans le programme du candidat, lors de la campagne électorale, a été votée lors du Conseil Municipal du 14 septembre 2020, au cours duquel j'étais intervenu pour pointer le risque qu'elle ferait peser sur l'unité républicain de nos institutions, on se reportera à mon article publié dans ce blog consultable ici.


Interview du Maire qui revient sur la limitation du temps de parole

Le Maire revient sur cette décision, lors d'une interview au journal Le Pays, en date du 1er février 2021. Le site du Pays roannais du 3 février 2021 publie une partie de l'interview du Maire de Roanne, l’article complet a été publié dans l’édition papier du Pays du 4 février 2021.

Lors de la séance publique du Conseil Municipal du 11 février, je décide d'intervenir pour pointer les dangers de la limitation de temps de parole, dont l'article paru est une illustration.


Texte de mon intervention en séance publique

Le texte qui suit a été lu en séance et se situe à partir de 2h57:11 au compteur de la vidéo

Voici le lien vidéo de la séance consultable ici


Monsieur le Maire,

Mesdames et messieurs les conseillers,

Mesdames et messieurs en vos grades et fonctions,

Mesdames et messieurs,


Mon intervention est motivée par la lecture de l’article publié dans un journal roannais, suite à l’entretien que vous lui avez accordé, Monsieur le Maire, concernant l’opposition au sein du Conseil Municipal et la décision votée de limiter le temps de parole. Sa lecture nous plonge dans une situation paradoxale, en ce sens que vous ouvrez un débat que vous privez aussitôt de temps. On songe à ce vers de Molière : « C’est nous inspirer presque un désir de pécher (Monsieur le maire)/ Que montrer tant de soins de nous en empêcher ».


1. « Sans contradiction, ce serait triste »

Molière tombe à point nommé, car s’il est question ici et là d’humour et d’ironie que vous affectionnez, il y a également du Tartuffe dans le storytelling qu’en fait le journal. Avec un titre reformulé de vos propos : on enlève le « je ne me plains pas » que vous avez prononcé, on supprime le conditionnel « s’il n’y avait pas » et le tour est joué pour transformer l’anecdote en une affirmation de portée générale, je vous cite « Sans contradiction, ce serait triste », qui introduit l’idée que l’opposition est là pour amuser la galerie... On croirait entendre Marat qui dénonce : « Que d'artifices n'emploient-ils pas pour amuser, séduire et tromper…».

Et d’enfoncer le clou de la tartufferie dans le passage suivant, je cite l’article « Et de glisser non sans malice : (deux points, ouvrez les guillemets) « Je veux juste les aider à devenir bons » (refermez les guillemets) ». Aider à devenir bon est un geste de générosité, monsieur le maire, mais accompagné d’un commentaire malicieux de bande dessinée, il faut admettre, concernant le sort qui est fait à vouloir devenir « bon », que toute vérité n’est pas bonne à dire, et que prenant appui sur les évidences tragiques de l’histoire, qu’en chacun de nous sommeille le bon, la brute et le truand.

2. Humilier l'opposition c'est affaiblir la parole publique des élus

Ces deux remarques suffiront pour montrer que la décision de limiter le temps de l’expression politique, alors qu’elle s’applique à tous les élus, a fini par échapper aux motivations initiales qui ont été les vôtres, pour servir de prétexte à humilier l’opposition.


Dans le cas présent, la dérive n’est qu’une bataille de mots croisés, mais le fait est là que la décision prise représente une brèche pour s’en prendre à l’unité républicaine qui constitue le socle de notre assemblée.


C’est pour éviter ce dernier risque que la célérité des juges du Tribunal Administratif a prononcé pour plusieurs villes, l’annulation de clauses analogues de limitation de l’expression à 3 minutes en séance de conseil municipal et à 500 caractères dans les publications officielles.





3. L’unité républicaine Ce conseil municipal est à l’image de l’étendard qui nous rassemble, composé de couleurs différentes, il nous livre la république en partage en conférant l’autorité d’œuvrer pour le bien public.


Maintenir le cap du bien public lorsque le temps est à la tempête, voire à l’ouragan, s’avère difficile, voire périlleux, le découragement gagne les français qui doutent de la représentation nationale et boudent le choix des urnes. Je n’insisterai pas sur la situation roannaise qui n’échappe pas à ce phénomène. Ne cédons pas à la tentation de la démagogie, les listes minoritaires qui siègent dans ce conseil ont cumulé plus de 300 propositions pour l’avenir de la ville de Roanne. C’est un engagement et une force pour l’avenir de la ville, qui au-delà de la réussite ou de l’échec aux urnes, doit encourager les roannais à prendre leur place dans les affaires publiques.


S’attaquer aux symboles de l’unité républicaine, c’est décourager les bonnes volontés, c’est laisser penser que le bien public est une idée dépassée ….c’est décourager le recours au vote quand on n’est pas d’accord, c’est alimenter l’idée qu’être minoritaire ne sert à rien, c’est un encouragement à brouiller l’unité républicaine qui veut que ce qui nous rassemble en tant que nation est plus fort que ce qui nous divise.


Monsieur le Maire, les mots appartiennent pour moitié à qui les prononce et l’autre moitié à qui écoute, la limitation de l’expression politique qui colle aujourd’hui comme une brimade à l’égard de la seule opposition, produira d’autres dérives et interprétations à caractère démagogique. Je vous demande de reconsidérer la décision votée en octobre dernier, à la lumière de l’expérience que nous venons de faire, qui démontre qu’elle produit plus de difficultés qu’elle n’en résout pour les roannais, alors que vous disposez, sans cela, de tous les pouvoirs et de tous les moyens pour appliquer votre programme.


Vidéo de la séance du Conseil Municipal du 11 Février 2021

Mon intervention lors de ce conseil à partir de 2h57:11 au compteur de la vidéo

Voici le lien vidéo de la séance consultable ici

L' Ordre du jour du Conseil Municipal est téléchargeable ici

Le Procès-Verbal de la Séance du Conseil Municipal est téléchargeable ici


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